Présentation du contenu : Ce répertoire numérique décrit le fonds d'archives de la commune de Saint-Jeoire. Il se compose de deux ensembles : les archives anciennes de Saint-Jeoire, antérieures à 1792, et les archives modernes.
Les archives antérieures à la Révolution représentent un volume non négligeable, même si des lacunes sont clairement perceptibles. Le fonds rassemble principalement les papiers de la communauté relatifs à la constitution de son autonomie, à sa gestion comptable, à l'entretien des troupes, aux affaires contentieuses et à l'administration paroissiale.
Parmi les documents dignes d'intérêt, nous signalerons particulièrement le cadastre de 1627, constituant un des plus anciens témoignages de la cadastration des anciens pays de Savoie (E DEPOT 241/CC 8) : seule la communauté de Dingy-Saint-Clair peut s'enorgueillir de posséder un livre cadastral de 1629 (Arch. dép. Haute-Savoie, E 994). Nous mentionnerons enfin des documents pour le moins inhabituels : il s'agit du règlement et de la liste de participants aux patrouilles assurant la sûreté de la ville (E DEPOT 241/FF 1). L'étude sommaire de ces documents révèle que le curé et les notables du lieu n'étaient pas exemptés de cette contribution.
Les archives modernes sont quant à elles très lacunaires.
Présentation du producteur : La commune bénéficie d'une situation géographique privilégiée, implantée au confluent du Risse et à son affluent, l'Isson. Enserrée au nord-ouest par la montagne de l'Herbette, à l'est par la chaîne du Don et au sud par le Môle, elle est située sur une voie de passage très fréquentée dès l'époque romaine par les commerçants allant de Genève à Taninges. Son emplacement stratégique justifia une installation humaine ancienne attestée depuis le Néolithique par des découvertes archéologiques majeures.
La première mention de la paroisse nous est fournie par une charte ecclésiastique de la seconde moitié du XIIe siècle. En 1188, Nantelme, évêque de Genève, notifie que Ponce de Saint-Jeoire, Gui et Rifier, ses frères, ont concédé à l'abbaye d'Aulps une vigne à l'usage du réfectoire des moines. Ponce est alors qualifié de clericus de Sancto Georgio.
Le toponyme est donc construit sur le terme latin Sancto Georgio, Saint-Georges. Selon la tradition locale, une communauté bénédictine s'établit à Saint-Jeoire vers l'an mil et y fonde une chapelle sous le vocable de Saint-Georges, mais aucune source ne permet d'étayer cette hypothèse.
La commune est un centre administratif d'importance provinciale. Rattachée au mandement de Faucigny, elle est le siège d'une métralie, plus petite circonscription du comté. À sa tête, le métral est le principal agent du châtelain chargé tout particulièrement de tâches judiciaire et financière.
Selon les enquêtes pontificale et delphinale de 1339, la paroisse est la plus importante du mandement avec 224 feux (1200 à 1350 habitants). Ravagée par les épidémies du XVe siècle, elle ne compte plus que 550 à 660 habitants en 1481. La vitalité démographique reprend rapidement puisqu'en 1777, 2000 individus y résident.
Un autre évènement marqua profondément les esprits. En 1651, un glissement de terrain dans la montagne de l'Herbette frappe le hameau de Pouilly, sans faire toutefois de victime. La mémoire de cette catastrophe est consignée dans le cadastre de 1627 et dans l'acte de fondation de la chapelle Turchon en 1659 : celle-ci fut édifiée pour "apaiser l'ère de dieu, manifestée par la catastrophe, ruyne et déluge arrivé au viliage de Pouillier". En 1700, la rénovation du cadastre est notamment motivée par le "desluge arrivé en ladicte paroisse".
Un bourg prospère se développe, protégé, à partir du XIIe siècle, par un réseau de châteaux. Détenus par des familles nobles, les de La Fléchère et les nobles de La Faverge se distinguent. La plus ancienne et la plus illustre est probablement la maison de Saint-Jeoire qui possédait les châteaux du Rocher, la Ravoire et Turchon, avant de s'éteindre au XVIIe siècle.
La paroisse poursuit son développement en obtenant notamment une certaine autonomie à l'égard des pouvoirs locaux. Le 27 février 1565, Jacques de Savoie, duc de Nemours, prince apanagé du Faucigny, accorde une charte de franchises à la communauté d'habitants, lui octroyant notamment le droit d'élire ses représentants (2 syndics et douze conseillers). Il concède également la création d'une bourgeoisie locale qui pourra s'assembler pour "traiter, arrester et determiner des negoces et affaires de la dite Republique".
En outre, la charte de franchises de 1565 instaure la tenue d'un marché chaque vendredi et deux foires annuelles les 28 avril et 2 septembre, faisant de Saint-Jeoire un pôle économique remarquable. Le duc se réserve toutefois certains privilèges, dont le prélèvement des langues de boeufs et des vaches à la boucherie du lieu.
À la fin du XVIIIe siècle, l'enchevêtrement des pouvoirs seigneuriaux est saisissant puisque 9 seigneurs (7 seigneurs laïcs et 2 seigneurs ecclésiastiques) se partagent le territoire de Saint-Jeoire. L'affranchissement de la communauté, après de longues procédures, fut effectif le 16 mai 1785, lorsque Pierre-Clément Foncet consent à renoncer à ses droits seigneuriaux.
Au cours du XIXe siècle, la commune s'attache à moderniser la ville en transférant le cimetière de l'église à la périphérie (1888), en construisant une nouvelle église (1856-1858) et en engageant des travaux pour une nouvelle mairie-école (1861). Le tramway traverse le bourg en 1892, les travaux d'éclairage public et d'adduction d'eau potable, sont réalisés respectivement en 1901 et 1926.
Tournée vers le tourisme des sports d'hiver, la commune de Saint-Jeoire se situe aujourd'hui dans l'arrondissement de Bonneville, canton de Bonneville, et comptait en 2015, 3252 habitants.
Historique de la conservation : L'historique de la conservation des archives communales est un aspect peu documenté du fonds. Le lieu de conservation des archives communales ne nous est pas connu avant une période récente. Conservées à la mairie en 1861, elles suivent ensuite les déménagements successifs de la maison de ville. Elles gagnent enfin le château Foncet, acquis par la commune à la fin des années 1980, et transformé en hôtel de ville en 1993. Les archives anciennes et modernes demeurent là, jusqu'à leur dépôt aux Archives départementales en 2018.
En outre, aucune trace matérielle ne permet de soutenir l'idée selon laquelle un quelconque travail de classement a été entrepris sous la période sarde, ou même avant. Les archives communales sont inspectées pour la première fois par Max Bruchet en 1899, qui s'attache à les classer sommairement. Comme il était de coutume à l'époque, il conseille « la reliure des documents suivants : 1425-1426, contrats d'albergements et reconnaissances féodales ; 1785-1792, liste de bourgeois ; 1695-1793, visites pastorales et inventaire des biens de la cure ; 1742-1748, occupation espagnole ; 1752-1766, comptes communaux ; 1676-1731, cottets pour la taille ; 1627 et 1702, cadastre. Les délibérations consulaires étaient déjà reliées en sept volumes, contenant les années 1738 à 1793 et an X à 1815 ».
En 1922, l'archiviste départemental relève qu' « un normalien de Bonneville a fait un classement sommaire et vague des archives anciennes ». Les traces de ce travail n'ont pas été retrouvés au cours de la rédaction du présent inventaire, en raison probablement des brassages successifs du fonds et de son récolement effectué par Frédérique Havette en 1981.
Bibliographie : Les cotes entre crochets renvoient aux ouvrages conservés dans la bibliothèque des Archives départementales de Haute-Savoie.
BAUD, Henri et MARIOTTE, Jean-Yves. Histoire des communes savoyardes, tome II Le Faucigny. Edition Horvath, 1980, 619 p. [US 257].
BENE, Georges, Saint-Jeoire en Faucigny. Un village de Haute-Savoie de son origine à nos jours, Saint-Jeoire, Ville de Saint-Jeoire. [BIB 5762].
TAVERNIER, Hippolyte, "Les première franchises de Saint-Jeoire (Faucigny). Notice et documents", Mémoires de la Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie, t. 23, 1885, pp. 519-547.