Au sein du fonds sarde (FS), qui comprend l'ensemble des documents élaborés par les administrations sardes pendant la période de 1814 à 1860, la sous-série 4 FS regroupe des dossiers provenant des bureaux des intendances (du Genevois puis, après 1843, de l'intendance générale d'Annecy, du Faucigny, du Chablais et temporairement de Carouge-Saint-Julien).
C'est par un édit royal de Victor-Emmanuel Ier du 10 novembre 1818, qu'une organisation administrative uniforme a été donnée aux États de Terre-ferme du royaume de Sardaigne. Le territoire fut alors découpé en circonscriptions appelées divisions, provinces, mandements et communes. Les États de Terre-Ferme, c'est-à-dire la partie non insulaire du royaume qu'on opposait à la Sardaigne, formèrent huit divisions administrées chacune sur le plan militaire et politique par un gouverneur et sur le plan administratif par un intendant général de 1re ou 2e classe.
Chaque division était constituée de provinces. La division de Savoie, chef-lieu Chambéry, en comprenait huit : Savoie-Propre, Tarentaise, Maurienne et Haute-Savoie recoupant à peu près l'actuel département de la Savoie ; Genevois, Faucigny, Chablais et Carouge celui de la Haute-Savoie actuelle.
Les provinces furent divisées en mandements (comparables aux cantons français) qui constituaient des unités plus judiciaires et financières qu'administratives. Les mandements étaient eux-mêmes divisés en communes.
En 1837, la province de Carouge fut supprimée, les mandements de Saint-Julien et Seyssel se trouvant rattachés au Genevois, ceux d'Annemasse et Reignier au Faucigny. Dans le même temps, les mandements de Faverges et d'Albens, dans la province du Genevois, étaient réunis respectivement à la Haute-Savoie et à la Savoie-propre.
Par lettres-patentes du 25 août 1842, le roi Charles-Albert augmenta le nombre des intendances générales du royaume, qu'il porta à 14. L'intendance d'Annecy fut à cette occasion érigée en intendance générale avec autorité sur le Faucigny et le Chablais. Le titre d'intendant fut donné à tous les administrateurs placés à la tête des provinces. Un conseil d'intendance chargé du contentieux (inspiré des conseils de préfecture français) fut établi auprès de chaque intendance générale.
L'autonomie de la Savoie du Nord fut renforcée en 1847 par son érection en division administrative.
Par la loi du 31 octobre 1848, dans un esprit libéral conforme au Statut du 4 mars précédent, fut créé dans chaque division un conseil divisionnaire élu aux côtés de l'intendant général et, dans chaque province, un conseil provincial également élu.
Une nouvelle réforme plus profonde fut lancée par la loi du 23 octobre 1859 sur l'organisation communale et provinciale. Le territoire du royaume fut divisé en provinces remplaçant les anciennes divisions et les provinces furent elles-mêmes subdivisées en arrondissements (circondarii). Chaque province était dirigée par un gouverneur, un vice-gouverneur et un conseil de gouvernement représentant le pouvoir exécutif ; les organes élus furent le conseil provincial et la députation provinciale correspondant au conseil général et à la commission départementale existant dans l'administration française. Cette nouvelle organisation eut à peine le temps d'être installée en Savoie puisque le territoire fut annexé par la France au printemps 1860 avec création des départements de Savoie et Haute-Savoie.
Les pouvoirs des intendants sardes étaient moins étendus que ceux des préfets français. Les affaires proprement politiques échappaient à leur compétence. Leurs fonctions avaient surtout un caractère administratif et économique. Cependant à partir de 1847, avec la suppression des commandants de police, ils reprirent en grande partie les attributions de ces derniers.