L'Académie florimontane est fondée à Annecy en 1607, à l'initiative de François de Sales, évêque de Genève en résidence à Annecy, et d'Antoine Favre, alors président du conseil de Genevois. Ces anciens étudiants en droit de Turin et Padoue souhaitent fonder une société littéraire et savante en s'inspirant des coutumes d'au-delà des monts. Mais elle ne fonctionne vraisemblablement que jusqu'en 1610. Cette date coïncide avec l'éloignement de deux de ses fondateurs : Antoine Favre est nommé premier président du Sénat de Savoie par patentes du 20 juin 1610 et il part pour Chambéry. Dans le même temps, François de Sales, au cœur des questions de prédication, de visites pastorales, de réformes des monastères, se consacre alors à l'ordre de la Visitation, qu'il vient de fonder avec Jeanne de Chantal.
Quatre Annéciens recréent l'Académie oubliée, à Annecy, rue Filaterie, dans le magasin d'Éloi Serand. Il projette, en janvier 1851, en compagnie de Louis Bouvier, d'Étienne Machard et de Jules Philippe, de créer une association où les Annéciens aimant les sciences intellectuelles, l'histoire et l'archéologie prendraient plaisir à se rencontrer.
Ils se mettent en quête d'hommes susceptibles d'être animés par les mêmes passions : le docteur Lachenal, premier président de l'Association, député et maire d'Annecy, Jacques Replat, Aimé Burdet, imprimeur, Alphonse Despine, inspecteur des mines, député de Duingt, Jean Laeuffer, directeur de la Manufacture, Aimé Levet, de Reymondi, intendant général du Genevois, monseigneur Rendu, évêque d'Annecy, le chanoine Buttet, grand vicaire, le chanoine Magnin, supérieur du Grand Séminaire.
Les actions de l'Académie dès sa refondation, sont définies en théorie :
- réunions des membres durant lesquelles sont présentées des communications sur divers sujets (histoire, sciences, analyses d'ouvrages ou d'objets…),
- publication de fascicules reprenant les procès-verbaux des séances, accompagnés des résumés des communications et de divers articles,
- organisation de cours publics et populaires de sciences, géométrie, grammaire, dessin appliqué aux arts, chimie industrielle, comptabilité commerciale,
- constitution d'une bibliothèque relative essentiellement à la Savoie,
- collecte et conservation des objets anciens relatifs à l'histoire de Savoie ou liés à l'histoire naturelle savoyarde et dépôt au musée de la ville d'Annecy,
- organisation de promenades historiques et scientifiques pour visiter les curiosités du pays,
- « conservation des souvenirs de l'ancienne Savoie »,
- établissement de relations avec les autres sociétés savantes pour échanger les publications et travailler ensemble sur des sujets communs.
Les buts de l'Association florimontane sont définis ainsi : « rechercher et mettre en lumière toutes les ressources vives du pays, mettre à la portée de toutes les intelligences, les idées justes, raisonnables, utiles et pratiques, provoquer toutes les améliorations possibles dans le domaine de l'économie, de l'hygiène, de la salubrité publique, ouvrir des cours pour l'instruction du peuple et réunir toutes les bonnes volontés pour mieux faire connaître l'histoire de Savoie ».
L'administration de la société
Il faut attendre 1893 pour que l'association se dote de statuts, dont le premier article indique clairement le lien avec l'Académie fondée en 1607.
Un décret du 17 décembre 1896 du président de la République, Félix Faure, la reconnaît comme « établissement d'utilité publique ». Les statuts sont modifiés notamment en 1911 lors du 60e anniversaire de la refondation de la société qui reprend à cette occasion et fait revivre le titre d'Académie florimontane. À partir de 1918, le nombre de membres effectifs est fixé à 60, 80 membres associés et 25 correspondants et ces statuts sont approuvés par décret du président de la République du 10 octobre 1918. Aujourd'hui, on compte 60 membres effectifs, 60 membres associés, un nombre indéterminé de membres correspondants et quelques membres d'honneur.
Les séances
La première séance se déroule le 7 juillet 1851 au cours de laquelle sont annoncés les cours publics et présentées les premières communications historiques et scientifiques. Le même jour est enregistrée une première liste de dons de manuscrits et d'ouvrages en faveur des archives de l'association et présenté un projet d'établissement à Annecy, par le conseil communal, d'une école des arts et métiers.
Ces séances se réunissent d'abord dans l'ancien hôtel de ville d'Annecy, puis dès la fin de l'année 1855 dans les salons du nouvel hôtel de ville, parfois à la Chambre de Commerce ou au Syndicat d'initiative. En 1970, l'Académie quitte l'hôtel de ville et est relogée dans l'ancien palais épiscopal, rue Jean-Jacques Rousseau jusqu'en 2001. En 2007, elle s'installe dans de nouveaux locaux, au chevet de l'église Saint-François-de-Sales.
Les publications
Dès la fin de l'année 1851, l'association publie les procès-verbaux de ses séances, les résumés des communications, la correspondance reçue, les affaires en cours et la liste des objets et ouvrages offerts dans un Compte-rendu des séances de l'association florimontane. À partir de 1854, le format de ce périodique augmente ; il prend le titre de Bulletin de l'association florimontane d'Annecy et revue savoisienne.
Dès le début, l'association s'intéresse à de nombreux domaines, en réservant une place de choix à ce qui touche la Savoie : l'agriculture, l'architecture, les biographies, la géographie, la géologie, l'histoire, l'histoire naturelle, l'industrie, la littérature, la météorologie ou encore la numismatique…
Au cours de la séance du 15 décembre 1859, Jules Philippe propose la création d'un organe littéraire et scientifique, la Revue savoisienne, placé sous la direction de l'association, qui paraîtrait une fois par mois dès le 15 janvier 1860. Cette proposition est acceptée à l'unanimité.
La Florimontane publie aussi de nombreux ouvrages dont le Dictionnaire savoyard d'Aimé Constantin et Joseph Désormeaux ou les trois volumes du Répertoire des noms de lieux de l'arrondissement d'Annecy, d'après le cadastre de 1730 par Charles Marteaux.
Les cours et conférences
Dès 1851, elle propose de donner des cours publics pour lesquels est sollicitée l'approbation du ministre de l'Instruction publique. Ce dernier donne non seulement son accord pour l'organisation de ces cours, mais aussi met à la disposition de l'Académie un subside pour l'achat d'instruments de physique et de chimie ou de livres.
Différents intervenants se succèdent pour contribuer à la diffusion des connaissances et à la promotion de la culture populaire, suivant la mode de l'époque et les idées libérales naissantes : ainsi sont assurés des cours de chimie appliquée aux arts, de logique et grammaire française, d'histoire naturelle et géologie, d'opérations bancaires ou encore de droit commercial. Ces deux derniers cours constituent une véritable innovation : à cette période ce sont généralement les lettres qui constituent la base de l'éducation des fils de la bourgeoisie. L'enseignement de l'économie politique ouvre, quant à lui, la voie à des carrières commerciales et industrielles.
Cependant, ces cours publics semblent avoir été abandonnés, l'Académie renonçant à donner des cours isolés. Malgré cela, elle continue à organiser des conférences historiques ou scientifiques au théâtre, à l'hôtel de ville, ou encore plus tard au château de Montrottier.
Un nouveau fonctionnement
Archives et bibliothèque
La Florimontane s'attache dès 1851 à constituer des archives, grâce à des dons, ainsi qu'à développer une bibliothèque spécialisée en histoire de la Savoie.
La société a son siège à l'hôtel de ville et la municipalité lui assure un local pour ses réunions et sa bibliothèque.
Ses collections et le développement du musée d'Annecy
L'Association se propose un autre but, celui de participer au développement du musée d'Annecy à travers une collection d'antiques, de médailles et sceaux, la réunion sous les portiques de l'hôtel de ville des fragments de sculpture et d'inscriptions et enfin l'histoire naturelle et notamment dans ses applications à l'industrie.
En 1851, le musée n'est encore que peu développé. Gabriel de Mortillet, Louis Revon et Marc Le Roux se succèdent à sa tête, tout en développant les collections et en accroissant les salles d'exposition.
D'autres initiatives
L'Académie est également à l'origine de nombreuses initiatives visant à rappeler le souvenir de Savoyards célèbres (souscription en 1855 pour la réalisation d'un buste du pharmacien-chimiste Fabien Calloud, souhait d'érection d'une statue de François de Sales en 1863, souscription, en 1880, pour à l'installation d'une statue de Sommeiller).
Elle incite aussi à la création de plaques, plus modestes, rappelant d'autres personnages ou des souvenirs, comme en 1904 la colonne rappelant l'ancienne cité romaine de Boutae.
Elle contribue également à protéger ou à faire découvrir le patrimoine des pays alpins : elle milite également en faveur du classement du Palais de l'Île et du château d'Annecy, du château des Allinges et du clocher d'Annecy-le-Vieux, mais aussi de l'établissement de galeries au-dessus des gorges du Fier, de la conservation du pont suspendu de La Caille ou encore de la sauvegarde des ruines de l'ancien château-fort de Faucigny.
Afin d'étudier les monuments historiques et de mieux connaître les curiosités naturelles, des courses sont organisées à l'initiative de Jules Philippe : à Thônes dès 1861, au Mont-Veyrier, à Rumilly, à Thonon-les-Bains ou encore à Montrottier…
Concours littéraires et artistiques
La Florimontane participe à la mise en place, avec la ville d'Annecy, de la fondation Claude-François Andrevetan. Membre de la société, docteur à La Roche-sur-Foron, ce dernier donne en 1863 la somme de 8 000 francs à condition que les 400 francs d'intérêts annuels soient offerts à des prix annuels ou bisannuels de poésie, littérature ou de beaux-arts. Ce concours fonctionne de 1874 à 1950 et récompense notamment Henry Bordeaux en 1889 et Albert Samain en 1893.
En 1941, Léon Laydernier créé une fondation qui offre un prix annuel au lauréat d'un concours de poésie. Ensuite, son fils dote le 1er prix. Actuellement, les trois premiers prix sont récompensés grâce à des mécènes florimontans.
Les autres sociétés savantes
L'association florimontane, dès sa refondation, établit des liens avec les autres sociétés savantes savoyardes, en échangeant leurs publications, en participant à leur fonctionnement ou encore à des actions communes comme, à plusieurs reprises, le congrès des sociétés savantes de Savoie.
La Florimontane aujourd'hui
L'Académie se réunit à Annecy une fois par mois, d'octobre à juin inclus.
Elle poursuit la publication annuelle de la Revue savoisienne, dans laquelle on trouve en plus de chroniques régulières, le compte-rendu des séances et le texte intégral ou partiel de certaines communications, ainsi que les hommages rendus par les nouveaux Florimontans à leurs prédécesseurs.
Elle continue d'enrichir ses archives et sa bibliothèque et d'organiser chaque année le concours de poésie créé par le docteur Andrevetan et Léon Laydernier.
Enfin, en exécution des dispositions testamentaires de Léon Marès, elle gère le domaine de Montrottier et ses collections, ouverts au public.
Cet historique de l'Académie florimontane est extraite du journal de l'exposition La Florimontane et ses académiciens : 400 ans au service de la connaissance rédigé par Julien Coppier, adjoint à la directrice et responsable des archives anciennes et de l'action culturelle aux Archives départementales de la Haute-Savoie.