La famille Nicod est originaire du pays de Gex. Elle s'est implantée dans le Chablais dès le début du XVIe siècle à l'occasion du mariage en 1523 d'Étienne Nicod avec Anne fille et héritière d'Antoine de Neuvecelle de Maugny. Par cette alliance, le nom, les biens et les terres des Neuvecelle passent aux Nicod qui s'appellent désormais Nicod de Maugny ou, à l'époque contemporaine, Nicod de Neuvecelle de Maugny. Sous l'Ancien régime, le titre de seigneur de Maugny, ou co-seigneur de Maugny, est porté par l'aîné ou deux aînés, certains cadets se faisant appeler de Neuvecelle.
La maison forte et tour de Maugny, parfois tardivement désignée comme château, est située sur la commune de Draillant (Haute-Savoie) dans le hameau de Maugny. Elle a été la résidence, pas toujours principale, de dix générations de Nicod. Elle apparaît notamment en 1737 sous le numéro 1036 de la mappe cadastrale sarde de Draillant (1 Cd 197). De nombreux membres de la famille ont toutefois résidé fréquemment à Thonon-les-Bains, plusieurs portant le titre de bourgeois de Thonon parallèlement à celui de noble seigneur de Maugny.
Les Nicod de Maugny ont dès l'origine une fortune foncière modeste qu'ils évitent de diviser à chaque génération, les fils cadets restant souvent célibataires. Ils vivent essentiellement de leurs revenus fonciers et de droits seigneuriaux, comme en témoigne une assez belle série de registres de reconnaissances qui s'étend du XVe à la mi-XVIIIe siècle. L'abondance d'actes concernant des poursuites par les seigneurs de Maugny contre de mauvais payeurs de divers droits, souvent de petites sommes, témoigne d'une certaine fragilité de leur situation financière autant que de la volonté d'affirmer leur autorité. Preuve de cette situation précaire, l'inventaire de 1732 signale que le château « est en tres petit estat, la plus parts des planchers estant tous poûris, et les couverts et murailles beaucoup ruinées », la grange, les étables et le pressoir « sont aussi en tres mauvais estat ».
À partir du XVIIe siècle, on voit des membres de la famille exercer des fonctions militaires, publiques ou ecclésiastiques, d'envergure limitée cependant, comme officier subalterne, syndic ou prêtre.
C'est avec Clément de Maugny (1798-1859) que la famille atteint une notoriété plus grande. Le titre de comte héréditaire lui est accordé par le roi Charles-Albert de Piémont-Sardaigne en 1842, en récompense de ses services militaires et de son dévouement à la couronne. À cette date, Clément fait partie des gardes du Corps du roi et a déjà un solide parcours militaire. En août 1848, il est nommé gouverneur général de la Savoie. En décembre 1848, il est sénateur du royaume et en novembre 1850 promu général d'armée. En raison de ses obligations professionnelles, Clément et son épouse Léontine Fortis vivent essentiellement en Italie et à Chambéry et séjournent peu à Maugny. Clément entame cependant une campagne de restauration et d'embellissement du château en 1843. Léontine, durant son veuvage, se partage jusqu'à sa mort en 1901 entre Maugny et son habitation à Thonon.
Leur fils Charles Albert séjourne lui aussi très peu à Maugny. Ses carrières successives militaire, diplomatique, journalistique et littéraire l'ont conduit de Turin à Paris en passant par la Russie, la Perse et la Podolie. De plus son épouse Honorine Komar a acheté une propriété avec maison de maître nommée Lauzenette, à Allinges, non loin de la maison forte de Maugny mais beaucoup plus lumineuse et confortable que cette dernière. Cependant le couple adopte une vie séparée au bout de quelques années, Charles Albert à Paris, Honorine partant vivre définitivement sur ses terres russes de Podolie.
Leur fils, troisième et dernier comte de Maugny, prénommé Clément comme son grand-père, entame une carrière militaire avant d'adopter une vie de propriétaire rentier après son mariage en 1902 avec une allemande bien dotée, Rita Busse. La Première Guerre mondiale, qu'ils vivent tous les deux activement, lui au front, elle comme infirmière dans des hôpitaux militaires, les laissent dans une situation financière précaire suite aux pertes massives éprouvées tant sur les biens fonciers d'Honorine et de Rita en Europe de l'est que sur les placements financiers (effondrement des emprunts russes, écroulement des valeurs allemandes…). La maison forte de Maugny, un peu rénovée au début des années 1930 grâce à un héritage, est leur demeure principale malgré quelques séjours sur la Côte d'Azur. Clément est maire de Draillant de 1908 à 1925. Le couple n'ayant pas d'enfants, la maison forte de Maugny, après les décès de Rita en 1937 et de Clément en 1944, passe aux nièces de Rita, Aniela et Rita Rosciszewska. La propriété passe ensuite aux enfants d'Aniela qui s'en séparent en 2014. C'est à l'occasion du partage familial que les archives sont dispersées.
Des précisions biographiques sont fournies ponctuellement en cours d'inventaire sur certains individus ou familles représentés dans le fonds.