Les documents ont été conservés par la famille d'Adèle Barrucand jusqu'à leur entrée aux Archives départementales. Une cinquantaine de pièces, un temps prêtées à la famille de La Rocque et intégrées au dépôt "François de La Rocque" du Centre d'histoire de Sciences Po à Paris, ont été restituées et replacées dans le fonds Barrucand, évitant ainsi son démantèlement ; cinq documents originaux, dont il subsiste uniquement des photocopies, n'ont toutefois pas été retrouvés.

Adèle Feschet était née à Fréjus en 1896. Elle avait épousé en 1919 Georges Barrucand, né à Annecy en 1896 et décédé en 1956. Ils eurent une fille, Berthe. Adèle a tenu entre 1926 et 1943, avec son mari, une fabrique de perles et couronnes mortuaires située rue Sommeiller à Annecy (Haute-Savoie).

Dès 1940, elle offre ses services au Secours national (distribution de repas, vestiaires, aide aux familles de prisonniers...). Fin 1941, elle devient déléguée technique pour la Haute-Savoie au sein de l'association des Artisans du devoir patriotique, émanation du Parti (puis Progrès) social français (PSF) de François de La Rocque. Elle s'occupe notamment des restaurants d'entraide. Pour des raisons qui n'apparaissent pas dans le fonds, officiellement de santé mais semble-t-il de sécurité menacée, elle abandonne toutes ses fonctions et quitte Annecy pour Saint-Junien (Haute-Vienne) à la fin de l'année 1943, jusqu'à la Libération. Quelques indices dans les documents laissent entendre qu'elle a contribué à faire fuir des jeunes gens recherchés par le Service du travail obligatoire. Il est de plus notoire que les ADP étaient suspectés d'hostilité au régime de Vichy et de compter des résistants en leur sein, ses membres étaient surveillés.

À son retour en Haute-Savoie, elle est sollicitée par les autorités pour prendre en charge à Annemasse un centre d'accueil et d'hébergement de prisonniers et déportés rapatriés d'Allemagne, rôle qu'elle a assumé de décembre 1944 à l'été 1945.

Elle vécut ensuite à Brillac (Charente), où elle fonda un foyer d'enfants et où elle est décédée en 1979.

Don, 2015.

Ce petit fonds est composé de documents ayant appartenu à Adèle Barrucand. Ils ont été produits pendant la Deuxième guerre mondiale soit dans le cadre de ses différentes fonctions soit à titre privé mais sont en lien avec celles-ci. Bien que lacunaire, il permet, à travers l'investissement personnel d'une femme, d'appréhender un certain nombre de facettes de l'entraide sociale à Annecy et dans quelques villes de Haute-Savoie entre 1940 et 1943. Il enrichit aussi, par des témoignages personnels, la connaissance sur l'accueil des prisonniers et déportés dans l'important centre de rapatriement que fut Annemasse à la Libération. Adèle Barrucand est fréquemment surnommée "Papa" dans les courriers de remerciements.

Comme c'est sous son nom d'épouse que ses nombreuses activités de bienfaisance ont été réalisées, c'est celui-ci qui a été choisi pour identifier le fonds.

La reproduction des documents est soumise à l'autorisation des Archives départementales de la Haute-Savoie. En cas de reproduction d'une ou plusieurs pièces, il conviendra de faire apparaître le nom du service dépositaire et la cote du ou des document(s). En cas de réutilisation avec diffusion publique, une autorisation de la direction des Archives départementales est nécessaire.

Versements de la préfecture de Haute-Savoie, orientation de recherche :

15 W 4 : surveillance des partis et groupes politiques, dont le PSF.

15 W 41 : Secours national

49 W 11 : prisonniers rapatriés, dont centre d'Annemasse.

Iconographie pour la période de la Seconde Guerre mondiale en Haute-Savoie :

7 Fi fonds Carteron dont 7 Fi 1962 (restaurant ADP).

Archives nationales :

- 451AP 1-286 : fonds François de La Rocque dont 451AP/231-272, 274-282 sur les ADP.

Centre d'histoire de Sciences-Po (CHSP) :

- LR 1-106 : fonds François de La Rocque.

Pour chaque référence aux archives dans le cadre d'une publication, il est recommandé de citer le lieu de conservation ainsi que la cote précise de chaque document consulté de la manière suivante : Arch. dép. Haute-Savoie, 196 J + numéro d'article.