Notice descriptive

205 J 1-31 - 205 J - Fonds de René Noyer - 1925-[2014]  

  • Historique de la conservation

    Les documents ont été conservés par la famille jusqu'à l'entrée du fonds au Archives départementales.

  • Présentation du producteur

    Antoine Marius "René" Noyer est né à Riom (Puy-de-Dôme) le 7 avril 1906. Embauché jeune comme caoutchoutier dans l'entreprise de pneumatiques Michelin à Clermont-Ferrand, il devance l'appel et effectue son service militaire au 34e régiment du génie à Bizerte (Tunisie). À son retour, il réintègre l'entreprise comme monteur. Il s'investit rapidement dans les activités syndicales et s'intéresse également aux mouvements coopératifs. Affecté en Haute-Savoie au suivi de contrats d'entretien de pneumatiques de gros clients (garagistes, transporteurs...), il s'installe à Annecy et épouse en 1934 "Paulette" Jeanne Joséphine Verrier, née en 1915. Ils occupent avec leurs enfants une maison avenue de Loverchy.

    Pendant la Seconde Guerre mondiale, il s'engage tôt dans la Résistance, intégrant en 1941 le groupe du Coq enchaîné créé à Lyon. Profitant notamment des laissez-passer et permis de circuler délivrés par son employeur, il diffuse clandestinement des journaux, collecte des informations utiles à la résistance, transporte des messages (notamment pendant quelque temps entre Pierre Lamy, à Annecy, et Robert Lacoste en poste à Thonon). Il participe aux filières d'exfiltration de Juifs vers la Suisse et d'évasion d'aviateurs anglais transitant par la Suisse et le Chablais. Il échappe de peu à plusieurs reprises à l'arrestation, en particulier dans les secteurs de Thonon-les-Bains et Annemasse. Ses pseudonymes sont alors Michelin ou Morlaix.

    Il est aussi en contact avec Georges Valois alors installé dans le Beaujolais, et son groupe des amis du Val d'Ardières qui, sous couvert d'une association de réflexion sociale, économique et culturelle, participent activement à la résistance.

    René Noyer et sa famille sont durement frappés par le bombardement d'Annecy le 11 novembre 1943. Le raid, qui visait l'usine de roulements à billes S.R.O., manque sa cible et des bombes s'abattent sur le quartier de Loverchy. René est alors absent mais sa femme et ses deux fils sont blessés, sa plus jeune fille âgée de quelques mois est tuée, son autre fille légèrement blessée. Le frère de Paulette Noyer, qui vit dans une maison voisine, perd sa femme et sa fille lors du même raid.

    La maison est détruite et la famille a tout perdu. Par chance, René Noyer a confié avant de s'absenter à un ami des papiers en lien avec la résistance, pour les cacher ; la Milice envoyée pour dégager les gravats de la maison ne trouve donc rien de compromettant. Par relation, il réussit à se faire attribuer, avant réquisition par la Milice, une maison inoccupée dans le quartier d'Albigny, la villa Gabai, qui appartenait à un Juif passé dans la clandestinité.

    Après quelques semaines d'arrêt, René Noyer reprend son travail pour l'entreprise Michelin et ses activités pour la résistance. On le nomme chef départemental des M.U.R (Mouvements unis de résistance) pour la diffusion de journaux clandestins et de courrier. Il œuvre aux côtés des époux Saulnier, fréquentant l'auberge du Lyonnais à Annecy, point de rendez-vous de nombreux résistants. Il est aussi en contact avec Richard Andrès. Le 18 janvier 1944, ce dernier se présente chez René Noyer car il a besoin d'un conducteur expert en gazogène pour l'accompagner en mission. Noyer étant sorti, Andrès fait appel à un autre résistant disponible, André Bouvard. Les deux hommes tombent quelques heures plus tard dans un guet-apens et sont abattus par les Allemands à Annecy-le-Vieux.

    La circulation devenant extrêmement difficile et dangereuse dans la région, René Noyer cesse de se déplacer à partir de juin 1944, préférant œuvrer à des missions de renseignement et préparation de sabotage dans les environs immédiats d'Annecy. Il participe notamment à la réception du parachutage allié de matériel et d'armes sur le plateau des Glières début août puis à la libération d'Annecy le 19 août.

    Après la guerre, il conserve son emploi chez Michelin et revient habiter dans le quartier de Loverchy dans un baraquement provisoire installé à l'emplacement de son ancienne maison.

    Il a été décoré de la croix de guerre en 1949, de la croix du combattant volontaire en 1958 et de la médaille militaire en 1960. Il est décédé à Annecy à près de 102 ans.

  • Présentation du contenu

    Il ne subsiste dans ce fonds aucun document d'époque directement lié aux activités clandestines de René Noyer pendant l'Occupation, ce qui s'explique par les indispensables mesures de sécurité qui obligeaient les résistants à en limiter au maximum la production et à les détruire au fur et à mesure. Ce petit ensemble permet néanmoins à travers des papiers personnels, professionnels, administratifs et syndicaux ainsi que des notes postérieures de souvenirs, de dégager un portrait assez précis d'un citoyen parmi tant d'autres, père de famille, salarié d'une entreprise industrielle, engagé politiquement, qui a été amené par les circonstances et par ses convictions personnelles à entrer pleinement dans la Résistance.

  • Mode de classement

    Les documents ont été recueillis en état de vrac thématique et chronologique, mêlant documents originaux et reproductions postérieures. Le plan de classement adopté s'appuie sur les préconisations de classement de fonds privés parues en 2008 dans le guide de la Direction des Archives de France sous le titre "Les archives privées, manuel pratique et juridique".

  • Modalités de reproductions

    La reproduction et la diffusion des documents sont soumises à l'autorisation des Archives départementales de la Haute-Savoie.

  • Langue et écriture des documents
    Français
  • Sources complémentaires internes

    Sources iconographiques sur la Seconde Guerre mondiale à Annecy et en Haute-Savoie :

    - Fonds 7 Fi Carteron

    - Fonds 49 Fi Odesser

  • Sources complémentaires externes

    - Sur les activités d'Alfred Georges Gressent dit Georges Valois :

    Centre d'Histoire de Sciences Po (C.H.S.P.) : fonds Georges Valois VA 1-49, notamment l'article 22 "Val d'Ardières 1942-1944". Répertoire consultable en ligne sous le lien http://chsp.sciences-po.fr/fond-archive/valois-georges-alfred-georges-gressent

    - Sur le journal clandestin Le Coq enchaîné :

    Bibliothèque nationale de France : 8 numéros de 1942 et un numéro de 1944 consultables en ligne sur le site Gallica sous ce lien http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327483322/date

    - Parcours militaire de René Noyer :

    Archives départementales du Puy-de-Dôme, R 4051, fiche matricule n° 1621.

  • Bibliographie

    - Sur le mouvement du Coq enchaîné :

    BOUILLOT, Didier. "Le coq enchaîné, mouvement de résistance et journal clandestin". Lyon, université Lumière-Lyon-2, mémoire de maîtrise, 1993.

  • Mention conseillée

    Pour chaque référence aux archives dans le cadre d'une publication, il est recommandé de citer le lieu de conservation ainsi que la cote précise de chaque document consulté de la manière suivante : Arch. dép. Haute-Savoie, 205 J + numéro d'article.

Documents
205 J - Fonds de René Noyer (1925-[2014])
(1 vue)

Pour aller plus loin

Le formulaire de recherche :